
» S’investir dans sa relation à sa corporalité est un chemin. Un chemin qui m’a choisi et dans lequel j’accompagne avec cœur aujourd’hui les aventureux à recouvrir leur espace et leur autonomie «
A propos de moi
Mon chemin c’est celui du domaine de la corporalité. Un corps, c’est quoi ? A la suite de lourdes expériences traumatiques, j’ai déserté l’espace de mon corps devenu inssuportable à habiter. Mon « hyper-sensibilité » était alors complètement dirigée sur l’extérieur car je n’avais pas accès à mon intérieur. Je ressentais tout, sauf moi-même. Mon corps, véritable médiathèque vivante comme j’aime à l’appeler aujourd’hui, était tellement chargé de mémoires douloureuses qu’il a fini par me ramener jusqu’à lui. Je l’avais déserté très tôt, peut-être même dès le début. Je vivais en mode survie sans m’en rendre compte jusqu’à ce que je m’en rende compte. C’est à ce moment que ma relation avec lui a pris un autre tournant. Je devais retourner vers lui. Une force puissante me rassurait, elle me supportait me disant que j’avais en moi la force et les outils d’emprunter ce chemin. Acte de foi, je les découvre et apprends à les manier au fil du processus. Ecouter l’abysse du silence, autoriser les sensations à remonter, ressentir, rechercher, investiguer, cartographier l’incartographiable, reconnaitre, déconstruire, converser avec les mémoires, transmuter, toucher, plonger en lui pour qu’il m’enseigne comment l’accompagner, réintégrer les lois de son organicité.
Mon chemin de vie commence par une enfance dont le contexte m’a amené à surdéveloppé certaines prédispositions et à délaisser l’intégration d’autres. Tout un tas de mécanismes me permettant d’habiter ce contexte se sont développés. Parmi eux, un état de survigilence constant qui me permettait de tout voir, sauf moi. J’ai aiguisé mes perceptions extra-sensorielles, mon regard programmé à détecter tout ce qui se vivait dans les trames de « l’invisible » actives. J’ai alors développé une certaine conscience de ce qui se tramait secrètement en et entre les autres ainsi que dans mon environnement plus ou moins lointain. J’étais douée là-dedans. Mais comme il y a un excès à quelque part, il y a un manque à quelque part d’autre. Complètement perméable à mon environnement, je ne savais pas le distinguer de moi-même. Je ne savais pas qui j’étais, perdue, au milieu d’une masse informationnelle gigantesque, affairée à conjuguer avec les ressentis des autres et les informations qui me parvenaient de ci et de là.
Plus tard, les contextes changeants et les rencontres se faisant, je me découvre petit à petit à travers eux, dans les failles actuelles que me laisse cette construction fonctionnelle que je me suis bâtie enfant. Elles sont encrées en moi. Les contextes avaient changé, mais pas mes mécanismes. Je me rends compte à compte goute, tranquillement, que je suis restée une enfant, cette enfant-là, agissant dans mon corps de jeune adulte tout à fait inconsciente. Au fur et à mesure que je m’en aperçois, je m’en sens de plus en plus prisonnière. J’entends ma teinte au fond de moi gronder. Elle suffoque, elle étouffe. Je me dirigie intuitivement vers elle, car je sens que dans ce périple qui m’attend, elle sera une de mes grandes guides. Elle a tellement de chose à me dire. Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. Un chemin autant terrifiant qu’excitant s’ouvre à moi, celui de la grande entreprise d’aller à ma rencontre.
Ce programme non-tracé, intense, douloureux et sublime était devenu ma seule priorité, nuits et jours. Je me suis isolée dans ces recherches qui me cherchaient pendant plusieurs années avec comme enseignant premier et le plus authentique qui soit à mes yeux, mon propre corps. Pour moi ça coulait de source, je devais plonger dans la chaire, écouter mes os, regarder droit dans les yeux les tissus de mon corps, car c’était lui mon maître dans l’aventure, là où toutes les informations se trouvaient et alors là où toutes les transmutations pouvaient s’opérer, nulle part ailleurs. Le moment venu je m’entoure de professionnels accompagnants avec qui le chemin se poursuit ; à mon sens des pointures de l’exploration du sensible investies sérieusement dans la recherche des possibles du corps dont tout reste à découvrir, et animées et passionnés par la transmission et le partage de cet art en mouvance, celui d’habiter ce corps vivant.
Nathalie Getz, orthobionomiste avérée a été et est toujours de manière régulière depuis 4 ans maintenant, mon accompagnante du toucher par excellence. Par la maîtrise de sa propre pratique, sa simplicité, son cœur immense et sa finesse, j’arpente avec elle les multiples contrées de mon corps, apaise et affine ma relation à lui. Sous ses mains aiguisées j’apprends, je m’abandonne et me recouvre.
Célina Wang, danseuse et enseignante somatique, par sa compréhension visionnaire et révolutionnaire du corps en mouvement, a su s’entourer du soutien de practiciens et de scientifiques dont karen Kirkness, anatomiste du 21ème siècle, la doctoresse Michèle Tarento, ostéopathe et chercheuse fondatrice de la pratique de l’ostéoéveil…. Tous contribue au passage d’une vision linéaire et segmentaire du corps pour aller vers sa multidimentionnalité et son intégrité vivante. Porteuse de Biointegrityoga, de yintégrityoga et des 5 filaments, elle œuvre avec intégrité vers un mouvement qui questionne l’être avec respect, douceur et profondeur rendant honneur à la capacité d’auto-régulation de l’ensemble ostéomyofascial. Approcher le corps auprès d’eux a été un privilège. Ils m’ont permis de trouver validation dans mes perceptions, de sortir de ma solitude face à mes expérimentations et compréhensions et de les prendre en mains.
Bernard Garat, chanteur membre du groupe « La Voix Qui Ecoute » et enseignant à « La Voix Source », Ecole de la Voix Spontanée, met l’être chantant au carrefour de la voix, de l’expression et du sensible, ancré dans un sérieux et profond investissement corporel. Mon cursus auprès de lui m’a offert l’espace et les outils pour cheminer à la rencontre de ma voix et m’a ouverte à des pistes d’exploration passionnantes naviguantes au travers du langage touché, imaginé, vivant, vibrant, chantant.
Steven Titze, unique professeur de Watsu en Suisse et ostéopathe, m’a ouvert les portes des possibles champs d’expériences somatiques dans l’eau. Son accompagnement m’a permis d’accéder à l’exploration d’un accompagnement du système d’une précision et d’une portée démentielle. A mon sens, nous avons énormément à découvrir sur le potentiel thérapeutique de la relation corps/eau. Nous croyons savoir, mais nous ne savons rien.
Ma façon particulière d’appréhender et de toucher les corps trouve racines dans une transmission provenant de différentes sources qui a été aupréablabe traversé, infusé et intégré dans mon propre corps. A l’âge de 19 ans, suite à un diagnostic médical violent, j’entre pour la première fois concrètement dans mon corps et naturellement procède à une auto-guérison. C’est le début de l’appréhension et de l’affinage de mes perceptions particulières. La vie m’emmène à poursuivre.
Je passe par une phase ou mes nuits, durant plusieurs mois, m’épuisent. L’appréhension du sommeil se transforme. Mes nuits sont rythmées par des expériences intenses où j’aborde ce que j’ai nommé le point 0,0001. Mon être cherche les limites de son corps. Mes respirations ralentissent, mon cœur aussi, je m’emmène sur le fil de la mort sans le vouloir. Je n’ai aucun contrôle sur ces élans. Je ne sais pas ce qui m’arrive et suis terrorisée. J’arpente les différentes strates de décorporation. Avec le chemin que j’ai parcouru depuis, je me rends compte que la fréquence et la façon naturelle avec laquelle cela se vivait vient du fait que je n’avais jamais vraiment habité mon corps jusque-là. C’était « facile » de « partir loin ». Je fais la rencontre de mon fil d’or. J’en suis arrivée au point d’avoir peur d’aller me coucher. Je me sens terriblement seule dans cette traversée, mais Odette est là.
Arrive cette nuit plus d’un an après ces allées et venues auxquelles j’étais maintenant familières, où je fais l’expérience de ce qu’on pourrait appeler la mort. Un soir tranquillement allongée dans mon lit sur le dos, des sortes de marches qui descendent se présentent à moi au fur et à mesure que je m’y avance. Elles m’attirent comme quelque chose d’irrésistible. Je descends un palier, puis deux, puis trois… Au rythme d’un pas fluide et lent, je plonge dans ce qui ressemble à un abysse clair sans fin. Plus j’y plonge, plus l’espace s’ouvre. Quelque part dans ce processus de descente qui prend du temps, je me retrouve sur le côté du lit. A mon chevet, j’observe avec attention le profil de mon corps. Je reste là, et pendant que je descends, encore, je contemple en simultané le creux de mon ventre s’accentuer. Il se creuse, encore et encore, jusqu’à se vider entièrement. Il devient tellement aplati que je me demande « où sont passé mes organes ? » La partie de moi qui s’engageait loin de mon corps, le processus déjà bien engendré, arrive à un stade de l’épopée où la sensation de haut et de bas disparait. Là où je me trouve maintenant, il n’y a plus de sens. Les lois ont changé. Ma vie devient lointaine, elle est là quelque part comme un vieux souvenir brumeux qui au fur et à mesure que j’avance, s’égare. Elle devient un grain de sable dans l’océan. Je me situe sur une sorte de palier, un point pivot. Pas longtemps, car l’arrêt du mouvement n’existe pas. Il s’agit d’un multi-mouvement continuel. Une sorte d’élan s’empare de mon être qui finit par lâcher entièrement mon corps. La partie de moi qui se trouvait à son chevet n’y est plus. Le point que j’ai nommé 0,0001* a été dépassé cette fois. 5 plans s’ouvrent à moi et j’y plonge simultanément qu’ils m’absorbent. 5 plans, 5 espace-temps, 5 mondes, je ne sais pas quel mot utiliser parce qu’aucun ne semble vraiment y correspondre. Je fais l’impérience d’être entièrement en train de faire l’expérience de ces 5 espace-temps en même temps. Tout devient d’une clarté imprononçable. Se saisis le sens du mot « liberté », dans un coeur intrinsèque mystérieux. J’ai conscience que quelque part, un fil que je ne distingue pas mais que je sens me relie encore à ma vie sur terre. Il doit surement il y avoir encore un quelque bout de moi qui y est, car un choix sans en être un vraiment se présente à moi. Celui d’y retourner ou pas. Une sorte de voix translucide me souris, une voix qui souris… dans son sourire, la réponse est là. Ça se sait, cette expérience n’est pas là pour que je retourne dans cette état de vie, la mort, mais je m’y suis emmenée pour ramener dans mon expérience humaine, une pierre de lune au service de mon cheminement.
Mon être y goûte une souveraineté et une liberté insoupçonnée en même temps que des masses d’informations se réintègrent en moi. Depuis cette impérience, mon être a céssé de chercher à mourir. Quelque chose a shifter ; il était temps de me diriger vers un processus d’incarnation plutôt que de désincarnation.
Il me semble qu’il est juste d’accompagner seulement là où nous sommes déjà allés. A mon sens l’intégrité est une fondamentale dans l’accompagnement. Je marche avec l’autre dans des contrées où j’ai moi-même mis la main à la pâte. L’autre m’accompagne là où je n’ai pas encore mis les pieds et ensemble nous marchons. Il y a des contrées à avoir. Il y a un chemin à connaître, celui de l’expérience, même si chacun empruntera le sien, il y a monde a le sien.